Les orientations bioclimatiques du projet de nouveau PLU de Paris

Les grandes surfaces dans le cadre des ORT

Antoine de Lombardon
Avocat à la cour

Le nouveau document d’urbanisme de la Ville de Paris intitulé « Plan local d’urbanisme Bioclimatique » ambitionne de rendre la capitale plus verte et plus solidaire. Destiné à dessiner le visage de la Ville en 2030, ce document – dont l’enquête publique s’est terminée le 29 février dernier et qui doit être définitivement adopté d’ici la fin de l’année 2024 – s’attaque à deux sujets majeurs : le logement et le climat.

Si les ambitions sociales en matière de logement ont principalement concentré l’attention des observateurs, c’est le volet bioclimatique du futur PLU qui nous intéresse ici.

Érigée en premier axe du projet d’aménagement et de développement durable, l’ambition est d’engager la Ville dans une transition vertueuse et résiliente à travers trois engagements : donner sa place à la nature en ville en faisant du sol, du végétal et de l’eau des éléments structurants du cadre urbain ; réduire l’empreinte carbone de la Ville en utilisant les bâtiments comme supports de lutte contre le réchauffement climatique et en promouvant les mobilités faiblement émettrices de carbone ; améliorer la santé environnementale de la Ville en l’orientant vers la santé et le bien-être de ses habitants par des démarches de prévention des risques et d’atténuation des pollutions.

En outre, parmi les sept orientations d’aménagement et de programmation sectorielles (OAP) prévues, deux s’intitulent respectivement « Biodiversité et adaptation au changement climatique » et « Santé environnementale ».

Donner sa place à la nature en ville

Ce nouveau PLU ambitionne de renouveler le rapport à la nature et à la biodiversité, qui ne passe plus après les besoins de développement, mais devient une préoccupation de premier rang, au même titre que le logement, l’emploi, l’accès aux services, etc.

Il prévoit ainsi une meilleure protection des trames et des espaces majeurs de nature (les bois, la Petite Ceinture, la Seine, les parcs) et exige la prise en compte de la biodiversité dans les projets urbains qui devront intégrer la séquence « éviter, réduire, compenser » (ERC).

Pour ses apports en matière de biodiversité et d’adaptation au changement climatique, le sol urbain fait l’objet d’une attention particulière par une valorisation des espaces de pleine terre et des incitations à désartificialiser les sols et à intégrer des espaces renaturés dans les continuités écologiques existantes. L’objectif est d’atteindre 40 % d’espaces non imperméabilisés d’ici 2050, conformément au Plan Climat Air Énergie de 2018, contre 26 % aujourd’hui. Pour y parvenir, 1 300 ha seront à désimpermabiliser, ce qui permettra d’aller au-delà de l’objectif affiché d’une consommation nulle des espace naturels.

Le projet PLU bioclimatique est également orienté vers des objectifs de préservation et de valorisation des arbres existants, ainsi que la promotion d’une végétalisation ambitieuse et raisonnée dans les projets concernant le bâti neuf ou existant, les projets urbains et les espaces verts publics.

Enfin, face à la quasi-absence de zone humide, la place de l’eau et de ses usages au bénéfice de la population et de la biodiversité sont préservés et amplifiés.

Réduire l’empreinte carbone de la Ville

Le bâti représente 88 % de la consommation énergétique finale de la Ville, ce qui en fait un levier majeur de diminution de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre. En outre, Paris présente un potentiel significatif de production d’énergie renouvelable.

Le projet de PLU s’engage dans la transformation vertueuse des bâtiments existants : éco-rénovation, diminution de la consommation énergétique et intégration d’énergies décarbonées, raccordement aux réseaux de froid et de chaleur urbains. Il encourage l’accompagnement des rénovations énergétiques et thermiques via la végétalisation et le confort d’été.

Il promeut la conception bioclimatique des constructions neuves en fixant des exigences en matière de consommation d’énergie et de matériaux. Le PLU affiche des ambitions en matière de limitation de la consommation énergétique, de décarbonation de l’énergie utilisée et de conception des bâtiments efficaces et sobres d’un point de vue du confort thermique. S’agissant des matériaux, des incitations sont prévues pour limiter la quantité de ressources employées, utiliser des matériaux naturels, renouvelables, biosourcés ou géosourcés et limiter l’emploi de béton.

Pour promouvoir une mobilité faiblement émettrice de carbone, le PLU comprend des orientations destinées à favoriser les modes motorisés propres et à accélérer le déploiement de bornes de recharge de véhicules électriques et de stations d’avitaillement en énergies alternatives. Une attention particulière est portée au boulevard périphérique pour favoriser sa renaturation et multiplier des liens entre ses deux rives.

Dans le même temps, le PLU encourage la diminution de la part de l’espace public accordé à la voiture, notamment pour réduire l’impact environnemental des mobilités carbonées. Il est également orienté vers une diminution de l’emprise dédiée au stationnement sur l’espace public, ainsi qu’une meilleure utilisation des parkings souterrains qui pourront être convertis  lorsqu’ils sont sous-utilisés. Il incite enfin à réduire la création de places de stationnement automobile dans les constructions neuves.

Améliorer la santé environnementale de la Ville

Le projet de PLU bioclimatique comprend un encouragement fort à la réduction de la pollution de l’air à Paris, et notamment dans les logements. Il vise à limiter l’exposition des populations à des facteurs aggravants pour la santé en intervenant non seulement sur les caractéristiques des infrastructures de transport pour en réduire les effets nocifs (éloignement), mais aussi sur la capacité des bâtiments à assurer une meilleure protection de leurs occupants, grâce à leur conception et aux matériaux utilisés.

Ce projet est également orienté vers la diminution de l’exposition au bruit des personnes vivant près de certaines infrastructures, notamment le boulevard périphérique qui a vocation à être apaisé. Il comprend des incitations à la réalisation de travaux de réduction du bruit et à la conception de bâtiments prenant en compte l’enjeu de la pollution sonore.

Pour prévenir le risque d’inondation et ses conséquences, le projet insiste sur la nécessité d’adapter les modalités d’occupation des rez-de-chaussée et sous-sols dans les secteurs sensibles. Les efforts de désimperméabilisation et d’augmentation des surfaces de pleine terre concourent également à mitiger  ce risque.

La procédure de révision du PLU n’est pas encore achevée et les conclusions de la commission d’enquête, qui a reçu plus de 7 000 contributions, doivent être rendues dans les prochains jours. Si des évolutions sont encore possibles, les grandes orientations bioclimatiques sont néanmoins fixées et ne devraient pas connaître de bouleversement substantiel d’ici l’adoption définitive du texte.

Pour approfondir ce sujet, nous vous conseillons de suivre la formation Le PLU bioclimatique